Début juillet 2023, la lutte des Sucs, membre de notre coalition, a organisé la troisième rencontre nationale des collectifs de la Déroute des routes. Après Rouen et Montpellier en 2022, c'est en Haute-Loire, près du Pertuis et du Puy-en-Velay, qu'une dizaine de collectifs se sont retrouvés pendant tout un Week-End pour partager, analyser et proposer.
Notre coalition demande un moratoire sur 55 projets routiers pour cesser de répéter le modèle du siècle dernier qui nous conduit collectivement droit dans le mur. Il faut avoir le courage politique pour assumer les changements et imaginer de nouveaux modes de vie.
Cette demande n’est pas une utopie. Les Pays bas et le Pays de Galle ont décidé d’un moratoire sur les projets routiers en 2021.
Les routes ne sont jamais des solutions locales à des problèmes locaux, mais bien des infrastructures pensées au service d'une logique de développement économique. Elles ne désenclavent pas les territoires. Elles sont le front pionnier de l’artificialisation de terres.
Dans les territoires ruraux les collectivités territoriales continuent à nourrir la croyance que le progrès et le développement économique passent uniquement pas la construction routière. Cet argumentaire mensonger, uniforme, et constaté par la Déroute des routes partout en France. Il se base sur un mythe : le désenclavement du territoire ne passerait que par la construction d’autoroutes pour connecter les villes. En Auvergne, l’exemple des constructions autoroutières montre l'inverse : la ville de Moulins aujourd’hui desservie par plusieurs autoroutes est devenue quasi-morte et s’est transformée en ville dortoir. En parallèle, la ville d’Aurillac que l’on pourrait dire enclavée car elle n’a pas d’autoroute, conserve sa dynamique sociale et économique de chef-lieu du Cantal. Elle reste ancrée au cœur du territoire. Avec le projet 2X2 de la RN88, le Puy en Velay a toutes les chances de suivre la voie de Moulins plutôt que de celle d’Aurillac. Elle peut devenir une potentielle ville dortoir de Saint Etienne et de Lyon.
Datant de 1992, ce projet de 2x2 voies entre Saint-Hostien et Le Pertuis s’étalerait au milieu des montagnes sur 10,7km en artificialisant 140 ha d’espaces forestiers et agricoles. Pensé à l’époque du tout-voiture, il détruirait la vie de petits villages et transformerait le Puy-en-Velay en cité dortoir. De nombreux-ses paysan-nes et habitants s’y opposent car 30 fermes sont directement impactées et avec elles un tissu de relations et de modes de vie.
226Millions€ y seraient investis pour construire pas moins de 13 ouvrages d’art… tout ça pour un bilan climatique désastreux ! La Déclaration d’Utilité Publique est caduque depuis 2007 (!) mais Laurent Wauquiez, le président de la Région Rhône-Alpes a décidé de lancer le projet en 2020. Les premières destructions ont repris en plein hiver 2022 et se poursuivent aujourd’hui au mépris de toute la biodiversité locale.
Laurent Wauquiez participe activement à la catastrophe écologique en soutenant partout des projets destructeurs de la biodiversité, de la paysannerie, du climat, du lien social, des services publics et de la culture. On voudrait nous faire croire que les routes sont au service des populations locales. Mais les routes sont politiques, au service d’un modèle d’aménagement du territoire et de développement économique qui favorise le transport routier et condamne les habitant-es à ce mode de déplacement coûteux et polluant.
Le collectif de la Lutte des Sucs se bat avec inventivité et solidarité contre ce projet climaticide depuis plusieurs années. Habitants, militants et organisations comme la Confédération Paysanne AURA, France Nature environnement, SOS Loire Vivante, FSU etc. le collectif combine actions juridiques, mobilisations de terrains, analyses et aussi festivités. Après notre rencontre, est prévu un mois de festivités et de rencontres autour d’un chapiteau avec projections, spectacles, concerts, jeux pour enfants et adultes avec la Compagnie LA CABane des jantés et des temps forts pour continuer le combat contre le projet inutile et écocidaire de la déviation RN88.
En Haute Loire comme partout en France, nos collectifs se soulèvent contre ces projets d’un autre âge et pour que cessent la destruction du vivant, l’accaparement des terres, des biens communs et l'accélération de la crise climatique ! Chaque lutte locale s’inscrit dans une lutte globale contre le système tout routier, la métropolisation, l’abandon des dynamiques propres aux territoires ruraux et l’impensé des alternatives du tout voiture. Le collectif propose plein d’alternatives sur les mobilités (transports collectifs, densification de la trame des trains Le Puy-St Etienne, liaison direct avec Lyon, fret ferroviaire) et sur les modes de vie (relocalisation, maintien des services publics dans les bourgs etc.). Les idées concrètes ne manquent pas face à la bétonnisation. Encore faut-il que les autorités territoriales cessent d'être dans le déni. Les brebis nous rappellent à l'ordre du vivant !
Ensemble avec La Déroute des Routes et avec tous les signataires de notre pétition pour un #moratoireroutes nous n’allons pas nous arrêter la !
16 000 signatures aujourd'hui, continuons ensemble.
LES RESISTANTES 2023 , rencontres des luttes locales du 3au 6 Août sur le plateau du Larzac . Ces rencontres facilitent le partage entre collectifs en lutte en France : projets routiers, fermes usines, forêts, eau etc. Les Routes avec notre coalition seront actives tout au long des rencontres liées à l'énergie de chacun. Inscrivez vous si vous êtes acteur d'un collectif en lutte
L'Automne de la déroute des routes s'annonce avec une série de mobilisations locales coordonnées à l’échelle nationale entre septembre et octobre prochains. Nous demandons localement et globalement l’abandon des projets routiers, et l’émergence concrète de solutions alternatives selon les problématiques locales : développer le ferroviaire, remettre en état le système de transport en commun (train, bus,etc...), relocalisation des pôle économiques et sociaux.
Notre communiqué de presse du Week-end de rencontre de la Déroute des Routes en Haute-Loire avec le collectif des Sucs.